Trois Pôles Espoirs à la Ligue Grand Est de Football
Publié le 28/09/2018
Certains joueurs et joueuses ont des qualités qui leur permettent d’entrer dans des Pôles Espoirs. Trois Pôles Espoirs existent dans le Grand Est, un Pôle Espoirs masculin à Essey-lès-Nancy, un autre à Reims et un Pôle Espoirs Féminin à Strasbourg.
Des Pôles Espoirs avec des objectifs communs
Gilles Thieblemont (Reims), Jean-Robert Faucher (Essey-lès-Nancy) et Stéphanie Trognon (Strasbourg) sont les directeurs des Pôles Espoirs. Même si les trois pôles se rencontrent peu, ces directeurs s’entraident et ont le même objectif, former les jeunes pour les aider à entrer dans le milieu du football professionnel. L’objectif général est « d’identifier les joueurs en devenir ou avec des qualités différentes et intéressantes par le biais des détections nationales effectuées par des conseillers techniques. Il s’agit aussi de permettre à des enfants d’intégrer une structure élite, puisqu’un pôle espoir est une structure portée par la Fédération Française de Football et par la LGEF. Cette intégration permet aux enfants d’avoir une moindre coupure entre le milieu amateur et le milieu professionnel où ils sont censés aller plus tard » (G. Thieblemont).
Les promotions concernées cette saison
« Nous avons deux promotions, une promotion de 15 joueurs et l’autre de 16 joueurs pour cette année 2018/2019. On les intègre par année d’âge. Cette année on intègre les 2005 tandis que les 2004 passent en seconde année.» (G. Thieblemont).
Mais pour les féminines c’est différent. « Nous avons trois promotions. Les filles sont au lycée. Par conséquent, les premières années sont en seconde au lycée, les deuxièmes années sont en première et les troisièmes années sont en terminales. Nous avons 5 joueuses en première année, 6 en deuxième année et 7 en troisième année. Notre Pôle Espoirs Féminin pourrait compter 24 joueuses mais nous ne voulons pas faire de remplissage inutile. Nous préférons garder peu de filles, celles qui ont les qualités nécessaires pour évoluer et parvenir à entrer dans une D2 féminine voire une D1 » (S. Trognon).
Des structures différentes
Les Pôles Espoirs de Nancy et de Reims se situent dans leur CREPS respectif. Mais « nous n’avons pas les mêmes structures qu’un pôle masculin. Les garçons ont la chance d’être au CREPS ce qui n’est pas le cas des féminines. Cependant, nous avons la possibilité d’être sur une structure de club, celui de l’AS Neudorf. Même si cette structure ne permet pas une mixité avec d’autres sports, les filles ont des liens avec des athlètes d’autres clubs et de sports différents puisque le lycée où elles suivent leurs études est un lycée principalement composé d’athlètes (lycée Jean Monnet) » (S. Trognon)
Les Pôles Espoirs à Nancy et Reims sont mieux développés. « Situés aux CREPS, ces Pôles Espoirs bénéficient de médecins et d’aides scolaires au quotidien » (G. Thieblemont). « Pour les féminines je m’occupe de tout le suivi mais nous avons malgré tout un préparateur physique et un entraîneur de gardiens de buts » (S. Trognon)
Un projet à trois têtes : scolaire, sportif et éducatif
A Reims « on est parti sur du football mais on a avant tout un projet à trois têtes. Il y a la partie éducative car ces jeunes sont la plupart du temps avec nous. Nous les avons toute la semaine et par conséquent ils doivent respecter les autres et se respecter entre eux. Par exemple, ils sont obligés de dire bonjour. Ils apprennent le savoir-vivre ensemble. Je laisse la priorité à l’aspect scolaire. Si un enfant se trouve à un moment donné dans des difficultés, on supprime les entraînements pour qu’il travaille plus. Ici, nous avons une personne qui s’occupe de la scolarité, une scolarité qui est essentielle pour leur avenir. Aujourd’hui, ça fait 6 ans que je suis là et c’est la 4ème année où il y a 100% de réussite au Diplôme National des Brevets anciennement le Brevet des Collèges. Et enfin, on a l’aspect sportif pour lequel nous travaillons sur un projet mis en place sur 2 ans, sachant que si certains joueurs se conduisent mal, ils peuvent en être exclus à la fin de la première année » (G. Thieblemont).
Un temps d’adaptation
« Les enfants sont 5 nuits et 5 jours avec nous mais tous les week-ends et toutes les vacances ils rentrent dans leur famille. Ce ne sont pas les mêmes coupures que pour des jeunes qui intègrent un club professionnel où l’adaptation et le bien-être de l’enfant y sont plus compliqués. Avec le Pôle Espoirs les enfants peuvent garder le lien familial qui peut les aider dans leur épanouissement et leur progression » (G. Thieblemont).
L’entraînement dès la sortie du vestiaire
A Reims, « on a une fiche d’entraînement pour tous les joueurs. Une fiche qui est affichée dans les vestiaires. Ils sortent des vestiaires avec leur ballon et ils savent tout de suite ce qu’ils doivent faire. Ils vont sur le terrain et ils commencent leur progression sur le plan technique. Ils font des gammes. Ils ont 5 séances par semaine. Pour les 6 premières semaines ils travaillent tous sur la même chose et ensuite on voit, ensemble, ce qu’il y a à améliorer en les faisant travailler en binôme. La durée d’une séance tourne autour d’une heure et quart, une heure et demie. Ça dépend de l’intensité de la séance et des exercices qu’on y met. Par exemple, pour un lundi on est vigilent car nous savons que certains ont joué la veille » (G. Thieblemont).
La communication : la base de la pédagogie
« Le projet global est sur l’éveil. Il faut leur donner une grande capacité d’ouverture d’esprit et de réflexion. Toute la pédagogie lors des entraînements c’est construire des phrases et qu’ils communiquent. J’ai repris une grille d’exigence affichée dans nos vestiaires. J’ai créé des items : investissement, exigence, plaisir et ils doivent noter leur propre séance à chaque entraînement. Ils se mettent une note. Quand l’un donne une note on lui demande de justifier. Si un copain pense différemment il peut le dire. Ce que nous voulons c’est qu’ils communiquent entre eux. Ils font une critique d’eux-mêmes mais aussi des copains. Pour les deuxièmes années, quand on arrive aux 6 mois, ils savent le faire tout seul. Il y a des joueurs qui sont partis et quand ils m’appellent, ils reprennent ce système de notes pour me dire où ils en sont. Ça fait avancer. Après chaque entraînement, ils ne peuvent pas sortir et ne rien dire. Pour les premières années, c’est un exercice difficile alors on les aide. Dans un premier temps, on leur demande s’ils préfèrent qu’on les note et on justifie leur note. Ensuite, ils prennent leur marque et le font eux-mêmes. Ils essayent de comprendre pourquoi ils ont telle ou telle note et ils réfléchissent à ce qu’ils ont fait sur le terrain pendant l’entraînement et pendant le match du week-end. Ils savent que le lendemain ils doivent travailler là où nous avons pointé du doigt. Nous voulons qu’ils aient une constance dans leur performance. Cela sert beaucoup pour la deuxième année. Les deuxièmes années savent comment ça fonctionne. Quand on ne met pas de note parce qu’il faut passer par le médical ou tout simplement par manque de temps, ils me disent « mais monsieur on ne met pas les notes ? ». Ce sont eux qui me demandent les notes. On espère avoir un maximum de jeunes qui partent dans des clubs professionnels derrière » (G. Thieblemont).
Des parents impliqués dans le projet de leur enfant
Que ce soit pour les garçons ou pour les filles les parents sont mis au courant des progrès de leur enfant et de leur comportement aussi bien à l’école ou au sein de la structure sportive.
Pour les féminines « nous rencontrons les parents lors du concours avant la rentrée. Ensuite, nous sommes en contact surtout par téléphone. Pour le premier trimestre, j’envoie un bilan par mail. Puis, pour le deuxième trimestre je fais un bilan avec la joueuse. Enfin, pour le dernier trimestre je fais un bilan avec les parents sur la continuité ou non du programme pour la joueuse. Même si je ne rencontre pas souvent les parents, ils savent qu’ils peuvent m’appeler » (S. Trognon).
Pour les garçons « avec Anthony Huck, mon binôme, on fait des réunions tous les mois avec le CREPS et on évalue leur niveau dans la vie quotidienne, la scolarité et le plan sportif pour voir s’ils peuvent être reconduits une autre année. Au bout du deuxième trimestre, un enfant peut avoir un avertissement pour qu’il améliore son comportement ou qu’il travaille plus au collège. On fonctionne avec un portail en ligne du suivi quotidien du sportif. Tous les trimestres, on y rentre des notes d’évaluation et les familles sont directement au courant. Dès qu’il y a un évènement ou un enfant qui est en retard, les parents sont au courant par mail. Il nous est arrivé de ne pas garder des enfants parce que ça ne fonctionnait pas sur l’aspect de la vie quotidienne même si ça fonctionnait sur le plan sportif et le respect. Il manquait sans doute de maturité. On ne les a pas gardés pour leur bien, c’était sans doute trop tôt pour eux de quitter leur famille. Ils n’ont pas su se mettre au diapason d’un internat » (G. Thieblemont)
Les zones d’influences, de recrutement
Il existe 15 pôles espoirs en France. « Pour le Pôle Espoirs rémois la zone d’influence et d’environ 2h ou 200km autour de Reims. Par conséquent, on est impacté par la Champagne-Ardenne, l’Aisne et une partie de la région parisienne » (G. Thieblemont). « Pour le Pôle Espoirs Féminin, le bassin de recrutement est l’Alsace, la Lorraine, la Haute-Marne et la Franche-Comté » (S. Trognon).
Le recrutement concerne aussi bien le pôle espoir pour intégrer des jeunes en devenir que des clubs professionnels qui y trouvent des jeunes au profil intéressant. « On travaille avec tous les clubs professionnels de France comme le Stade de Reims, Auxerre, Monaco, Marseille, Lyon, Saint-Etienne, Sochaux, Amiens, Lille. Les clubs sont intéressés car quand les enfants sortent d’ici, ils ont cette capacité à s’intégrer très vite, à travailler, à s’engager, à réfléchir. Ils ont un truc au-dessus des autres » (G. Thieblemont).
Elodie SAINTE
TROMBINOSCOPE 2018/2019
- Pôle Espoirs Grand Est Reims 2005
- Pôle Espoirs Grand Est Reims 2004
- Pôle Espoirs Féminin Grand Est Strasbourg
- Pôle Espoirs Grand Est Nancy