Modification des horaires, le football amateur impacté ?
Publié le 10/05/2018
La Ligue de Football Professionnel vient de dévoiler son futur appel d’offres pour la Ligue1 et la Ligue2 à compter de la saison 2020, jusqu’à la saison 2024. Premier concerné par ces modifications, le football amateur. Quels impacts occasionnent ces changements ? Plusieurs acteurs du rectangle vert dans la région Grand Est prennent la parole. Tour d’horizon…
De nombreuses modifications vont être opérées par la Ligue de Football Professionnel concernant les horaires des matchs de Ligue1 et Ligue2, avec des conséquences non négligeables pour le football amateur. Rapide mise à jour sur ces changements, désormais le multiplex Ligue2 ne se déroulera plus le vendredi soir à partir de 20h, mais le samedi soir à partir de 19h. Concernant la Ligue1, le multiplex n’aura donc plus lieu le samedi à partir de 20h, mais le dimanche avec 5 matchs dont 4 à partir de 15h, l’heure à laquelle les amateurs disputent leur rencontre. Si l’objectif de la LFP est de « conquérir de nouveaux marchés et de nouveaux publics, et d’abonder le montant des droits télé », l’accueil est plus que réservé dans le monde amateur.
Des conséquences ?
Forcément, face à une telle option retenue par la LFP les réactions sont nombreuses et il y aura des conséquences, notamment au niveau économique. « Cette nouvelle programmation est très mal placée par rapport à nous, monde amateur. Aujourd’hui, cette modification tue le monde amateur, les gens seront déchirés entre deux choix désormais », souligne Alexis Maître, coach du FC Geispolsheim (R2 Alsace). Cette décision fâche aussi de nombreux présidents de club, qui la jugent, pour la plupart comme « totalement absurde ». « Mettre des matchs le dimanche après-midi c’est perdre des licenciés, des spectateurs et des bénévoles », signale Jean-Pierre Froment, président du Football Club Agglomération Troyenne (R1 Champagne/Ardenne), qui comptabilise près de 700 licenciés. Aujourd’hui le football amateur est en danger suite à une telle décision, « la plupart des passionnés de football choisiront d’assister à un match professionnel plutôt qu’à un match amateur », affirme Laurent Faregna, président du FC Cormontreuil. Et ceci aura des conséquences négatives pour les clubs », assure-t-il : « économiquement ça sera des entrées en moins et forcément la buvette sera impactée, donc les revenus aussi… ». Cependant, le président de Cormontreuil tente de relativiser la chose : « Peut-être que pour pallier à ces nouveaux horaires, les différentes instances modifieront les horaires des plus petits clubs ou trouver d’autres solutions, car sinon cela risque d’être très difficile ». En tout cas, tous espèrent que la LFP prendra en compte l’avis des clubs amateurs et tentera de trouver une solution pour concilier, au mieux, football professionnel et football amateur.
Un choix à double tranchant
Le football amateur, reconnu pour ses valeurs de partage et de cohésion, cherche à véhiculer ces dernières auprès d’un public familial et fidèle au club. Mais si plus personne ne se rend au match du dimanche après-midi du club local, à qui véhiculer ces valeurs ? C’est aujourd’hui la plus grosse raison du coup de gueule du football d’en bas : « Actuellement par match, on accueille 300 personnes maximum, on pense que ce chiffre va être divisé par deux avec les modifications prévues, c’est dommageable. Ce qui est encore plus grave, c’est que les spectateurs vont devoir choisir entre venir soutenir l’équipe de leur ville ou le FC Metz, c’est grave », assure Jean François Geissler, président du FC Thionville (R1 Lorraine). Cependant, d’autres clubs s’inquiètent actuellement de savoir s’ils pourront simplement réussir à motiver leurs licenciés à jouer pour leur équipe, lorsque cette dernière sera en concurrence avec un gros match dans un stade pro voisin. C’est le cas de Marc Hubscher, président du FC Soleil Bischheim (R1 Alsace) : « Évidemment que ça pénalise le football amateur, et particulièrement notre club. Beaucoup de personnes sont des supporters du Racing Club de Strasbourg chez nous, comment on va faire pour alimenter nos équipes ? Comment on va réussir à motiver nos joueurs pour jouer le dimanche, si le Racing joue en même temps ? Ça va être compliqué pour nous ».
Dossier réalisé par Lysa Cheaïbi et Marc Vervinck