Il y a 80 ans : Le football alsacien s’arrête temporairement

Publié le 21/05/2024

Épisode 4 de notre série consacrée au football dans le Grand-Est il y a 80 ans, avant la Libération. En Alsace comme ailleurs, le foot fait une pause par la force des choses. Il n’y a plus de championnat et les activités sont stoppées. Il faut attendre le milieu de l’année 1945 pour voir le sport renaître de ses cendres.

Cette période de guerre n’incite pas à l’euphorie. Il n’y a pas de place pour la joie. En 1944, il n’y a plus de ballon rond sur les pelouses alsaciennes. Toutes les forces vives sont mobilisées pour sauver le Reich qui allait bientôt s’effondrer dans l’incendie de Berlin. Cette période noire freine considérablement l’essor du football local.

La saison 1944/1945 n’a pas lieu en raison de l’évolution de la guerre et de l’arrivée des troupes alliées en Alsace à la fin de l’automne 44. Le FC Mulhouse remporte trois des quatre championnats de DH joués sous l’occupation. Personne n’a à cœur de fêter ces titres. L’Alsace voit un à un ses fils partir à la guerre et disparaître sur le front russe.

Début janvier, des batailles font rage dans la forêt d’Ingwiller où la 7ème Armée américaine tente de contenir une ultime et violente offensive allemande qui l’oblige à reculer. C’est alors que quelque chose d’invraisemblable se produit. Alors que les armes tonnent encore, la Fédération française de football annonce que le Racing reconstitué et le FC Mulhouse joueront un tour de Coupe de France à la fin du mois. Et ce, respectivement contre le Stade lorrain et à Belfort.

Juillet 1945, le début de la renaissance

Tout le monde comprend la nécessité de rapidement tourner la page et de redonner à l’Alsace toute sa place dans le giron du foot français. Une fois la libération de la région menée, il faut tout réparer.

La 2ème Division Blindée défile place Kléber à Strasbourg en novembre 1944 lors de la libération de la ville. Crédit photo : Archives municipales de Strasbourg

La reconstruction débute après-guerre en juillet 1945. Plus de 300 délégués des clubs alsaciens se réunissent pour élire le Conseil de Libération dans un contexte très difficile à l’issue d’une période d’occupation. Aimé Gissy, secrétaire général de l’époque, a été le grand artisan de ce renouveau.

Au début de la saison 1946/47, ce sont plus de 341 clubs qui sont affiliés à la Ligue, soit une centaine de plus qu’à la veille de la guerre. La France et l’Alsace se reconstruisent, et dans cet élan, un nouveau monde apparaît dans lequel la façon de pratiquer et vivre le sport évolue aussi. Les clubs et les disciplines fleurissent signe d’une démocratisation totale. 

Un temps stoppé par la guerre, le professionnalisme reprend lui aussi ses droits. Le foot déplace des foules importantes au bord des terrains notamment à Strasbourg où, en septembre 1946, la Meinau accueille plus de 20 000 spectateurs pour la venue de Roubaix.

La renaissance du foot alsacien est célébrée par la création de la « coupe de la Libération » qui est rapidement rebaptisée « coupe d’Alsace » le 22 juillet 1945, deux mois après l’armistice.

Après avoir patienté en serrant les dents et fait le dos rond pendant cette longue et pénible période, la population retrouve petit à petit un semblant de joie avec le retour des compétitions.

 

Et pendant ce temps-là :

A Hawaï au cœur de la base navale américaine de Pearl Harbor, une explosion survient sur une embarcation du Débarquement. Cet accident maritime, nommée la « catastrophe de West Loch », tue 163 personnes du personnel naval et en blesse près de 400. Cet incident conduit à des changements majeurs dans les pratiques de maniement des armes au sein de la marine américaine.

Quelques jours plus tard, dans le centre-est et sud-est de la France, un déluge de bombes larguées par l’aviation américaine s’abat sur plusieurs villes dont Lyon et Saint-Etienne. Ces bombardements de jour et à haute altitude qui font des centaines de morts et de blessés civils. Ce raid d’envergure s’inscrivait dans le cadre du Transportation Plan anglo-américain, un plan d’attaque des voies de communication, destiné à préparer le Débarquement en Normandie. Il s’agissait de détruire les infrastructures de chemin de fer pour empêcher l’armée allemande d’acheminer des troupes et du matériel vers l’Ouest de la France.

De nombreuses infrastructures ont été touchées notamment des bâtiments industriels, ici à Saint-Etienne. Crédit photo : Archives municipales de Saint-Etienne

En Italie, de petites forces américaines débarquent à Sperlonga. La 5ème armée américaine continue d’attaquer. Le 2ème corps américain prend Fondi alors que le CEF (corps expéditionnaire français) prend Compodimele. La résistance allemande dans la vallée de Liri et autour de Pico empêche des gains significatifs dans ces régions. Évacuant le mont Cassin, les troupes allemandes tentent de freiner l’avancée alliée en renforçant leurs défenses sur la ligne Hitler. Après de violents combats, Kesselring (chef d’état-major) replie ses forces sur la ligne César, en avant de Rome, mais ne peut tenir la position. Dans le même temps, les troupes d’Anzio se lancent à l’attaque pour faire leur jonction avec la Vème armée américaine.

                                                                                                              Lucas Poirot

Par Stéphane Heili

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