Désormais c’est « madame l’arbitre » !
Publié le 21/03/2019
Ce samedi 23 mars a lieu à Strasbourg un stage de perfectionnement pour les arbitres féminines du Grand Est. Laura Georges, ancienne joueuse de l’Équipe de France et aujourd’hui secrétaire générale de la FFF, sera elle aussi présente. Une invitée de marque pour une pratique qui se développe de plus en plus. Témoignages…
« Au début, on me disait monsieur l’arbitre au lieu de madame l’arbitre, mais c’était marrant ! ». Maelie Degand (photo) n’a que 17 ans mais pourtant, elle sait déjà se faire respecter sur les terrains de football : « c’est vrai que parfois c’est difficile, comme lors de mon deuxième match où j’ai reçu beaucoup de critiques de la part des dirigeants. J’ai alors demandé au coach de passer derrière la main courante. J’ai su rester forte pour terminer la rencontre ». Cette jeune Auboise, qui a commencé l’arbitrage en mars 2018, se plaît désormais à siffler : « j’aimais bien le football et je regardais les matchs à la TV, même si je n’avais jamais tapé dans la balle avant. Puis l’idée de devenir arbitre m’est venue grâce à mon entourage. Je me suis dit que cette pratique pouvait me permettre de vaincre ma timidité et de gagner en confiance ». Mais difficile de s’intégrer dans un milieu composé essentiellement d’hommes : « j’étais l’une des premières arbitres fille dans l’Aube. Au début, j’ai reçu des remarques sexistes, car les joueurs n’avaient encore jamais vu une fille arbitrer. Mais aujourd’hui les matchs se passent bien ». Maelie est consciente que les choses peuvent aller vite dans l’arbitrage : « je sais qu’il y a des perspectives de carrière possibles mais je préfère garder un pied dans les études ».
Matthieu Lombard, conseiller technique régional en arbitrage, s’occupe depuis plusieurs jours de l’organisation du stage de samedi : « il y a aujourd’hui 114 arbitres féminines dans le Grand Est, sur un total de 3147 arbitres, ce qui représente 3,6 %. Nous sommes la Ligue en France qui compte le plus d’arbitres féminines ». Néanmoins, ce chiffre reste faible et le frein majeur au développement de l’arbitrage féminin se situe selon lui au niveau des compétitions : «il n’y a pas assez de compétition féminine. Une arbitre, lors de ses débuts, commence par arbitrer des jeunes garçons. Or, c’est souvent un niveau plus élevé que la jeune arbitre ne connaît pas et dont elle n’a pas l’habitude. Il y a très peu de compétitions féminines à destination des jeunes couvertes par un arbitre officiel». Car mettre un officiel sur ce type de rencontre pourrait engendrer des coûts importants pour les clubs. Pourtant, selon Matthieu Lombard, des solutions peuvent être mises en place pour mieux accompagner les jeunes filles qui débutent : « il faudrait permettre un accompagnement plus personnalisé, comme demander à des arbitres filles officielles d’accompagner une jeune qui débute, car je pense que cela serait plus pertinent que si cet accompagnement était fait par un homme. Le stage de samedi va dans ce sens : c’est avant tout un moment de convivialité, afin de créer un esprit de groupe et de permettre aux filles de se rencontrer puisqu’elles n’arbitrent pas à trois. Ce qui est l’un des objectifs pour les saisons à venir… ».
Jimmy Gedik