Coupe Grand Est : Woippy, une réputation qui traîne
Publié le 18/04/2019
L’ES Woippy fait partie des deux derniers clubs de Régional 3 encore en lice pour les quarts de finale de la Coupe Grand Est. Réputé club « sensible », c’est pourtant cette mauvaise image que souhaite changer le coach de l’équipe, Mourad Mohadab, à travers le beau parcours de ses joueurs en Coupe…
Woippy, c’est une ville d’environ 14.000 habitants située au nord de Metz. Mais Woippy, c’est avant tout un quotidien difficile : dans cette banlieue populaire, le taux de chômage frôle les 25 % (statistique de l’Insee pour l’année 2015) : « Woippy est un club de zone urbaine sensible. Lorsque l’équipe gagne, tout va bien. Mais dès que l’on perd un seul match, c’est la crise. Mes joueurs ont du mal à relativiser les défaites», confie Mourad Mohadab. Et cela pose problème dans le quotidien du club : « ici, chacun vit un peu à sa manière. Parfois les joueurs ne viennent pas à l’entraînement, ils vivent leur vie, il y a un manque de sérieux. C’est difficile à gérer, mais je ne peux pas changer de mode de fonctionnement, leur donner des obligations, sinon je risque de perdre beaucoup de joueurs. Et sans eux, nous ne serions pas là aujourd’hui».
Car le club (environ 400 licenciés), promu en R3 cette saison pour la première fois de son histoire, réalise un très beau parcours, après avoir éliminé Clouange (R3) puis 4 équipes de Régional 2 : Pulnoy, Avize Grauves, Heillecourt et Homecourt. Pour l’entraîneur, ces victoires ont permis de d’atténuer l’image du club, qui traîne une réputation de « club sensible » : « ce parcours a montré le potentiel de mon équipe. On commence à nous prendre au sérieux et chaque victoire sera une marque de considération supplémentaire ». Son équipe réalise aussi une belle saison en championnat : 3e ex aequo à 8 points du premier alors qu’il reste 5 matchs, les hommes de Mourad Mohadab joueront un match décisif pour la montée le 5 mai sur le terrain du leader, l’US Etain Buzy… « Vous avez du potentiel, mais vous l’exploitez quand cela vous arrange ! », répète constamment à ses joueurs l’entraîneur, à la tête de l’équipe depuis 3 ans.
Ce samedi (16h), c’est Épernay, club de National 3, qui se présente face aux Mosellans : « c’est la première fois qu’on accueille une N3, c’est un jour de fête pour le club ». De quoi avoir peur ? « Pas du tout, on aborde le match de façon sereine. Nous n’avons rien à perdre. J’ai la chance d’avoir des joueurs qui jouent sans pression et je sais qu’ils savent se dépasser lors des matchs de Coupe ». Et c’est ce dépassement qui fait garder espoir au coach : « la Coupe Grand Est a permis de focaliser l’attention sur le club et ce genre de match, ça signifie beaucoup pour moi. Le travail social que je fais sur les joueurs mais qui ne se voit pas forcément… Cela montrera une image différente du club et du quartier. La coupe nous a apporté beaucoup d’espoir et de courage, même si on manque de soutien pour changer cette réputation… ».
Jimmy Gedik