Coupe de France : un esprit à cultiver ?
Publié le 04/12/2018
Alors qu’on la surnomme « la coupe de tous les possibles », certaines équipes (ici Raon, en bleu, 9 présences en 32e de finale au moins depuis 20 ans) arrivent à faire opérer « la magie de la coupe » de façon assez régulière. Mais d’où provient cette continuité dans la plus indécise des épreuves ?
« Tous les clubs amateurs veulent réussir un bon parcours en Coupe de France; je pense simplement que nous avons un supplément d’âme ! ». L’entraîneur adjoint de Raon l’Etape, Eric Champagne, qui a vécu les folles épopées de son club (notamment un 8e de finale en 2013 contre Bordeaux et un 32e de finale en 2016 contre Saint-Étienne), explique les raisons de ces succès à répétition : «la culture de la Coupe est avant tout un message à faire passer. Les dirigeants nous rappellent l’importance financière que représente cette coupe. Malgré les changements d’entraîneurs, de joueurs, ce message-là est toujours le même : réussir un bon parcours en Coupe de France. Ensuite, pour les joueurs, il y a la motivation de vouloir jouer contre les clubs professionnels et cela peut lancer des carrières. Certains de nos joueurs, comme Jonathan Clauss (qui joue à Arminia Bielefeld, D2 allemande) et Kelly Irep (qui vient de signer professionnel au Havre), se sont fait remarquer grâce à ces parcours».
Pour Stéphane Crucet, coach de Schiltigheim, club quart de finaliste en 2003, « la Coupe de France est avant tout une aventure qui appartient aux joueurs ». Une aventure qui reste dans l’histoire, comme cette fameuse photo d’équipe à la Meinau qui trône fièrement dans le club house du club… « Effectivement, les anciens nous rappellent souvent cette belle histoire…». Mais entre beau parcours en Coupe et championnat, il y a un juste milieu à trouver : «il est très difficile d’allier objectif en championnat et objectif en Coupe. Pour une équipe comme nous qui avons des objectifs en championnat, les matchs de Coupe deviennent compliqués à partir du mois de février car nous n’avons pas l’effectif pour jouer tous les 3 jours, ce qu’un club professionnel peut se permettre». Pour réussir un bon parcours, il y a donc « une part de chance au tirage qui compte énormément, mais il est vrai que certaines équipes sont en quelque sorte prédestinées à vivre un parcours intéressant du fait de leur ambition en championnat : ce sont des équipes qui cherchent à se maintenir et qui vont donc se transcender sur les matchs de Coupe… ».
Cédric Decker, qui était déjà entraîneur de St Louis lors du fameux 32e de finale contre Sochaux en 2010, porte le même constat qu’à Raon: « on sensibilise dès le début de la saison sur la Coupe. Un bon parcours est la meilleure chose qui puisse arriver à un club amateur en terme d’émotion et de partage, que ce soit pour les joueurs, les dirigeants, les bénévoles… ». Et même si cela signifie qu’il faut prendre des risques par rapport au championnat, « cela en vaut la peine par rapport à l’engouement que cela génère. Au fil des années, la Coupe de France rentre dans l’ADN du club… ». Raon, Schiltigheim et St-Louis/Neuweg seront sur le pré samedi pour tenter de continuer à rêver.
Jimmy Gedik