Synthétiques toxiques : faux débat ?
Publié le 05/12/2017
Une récente enquête du magazine So Foot évoque un risque de cancer lié à la pratique sur terrain synthétique. Elle a été massivement reprise par de nombreux organes de presse, pour autant la plupart des éléments objectifs aujourd’hui connus laissent entendre l’inverse. Explications.
Pour commencer, de quoi parle-t-on ? Selon la FFF, on recense en France 28000 terrains classés dont 10% sont des synthétiques soit un total de 2800. Au niveau de la Ligue Grand Est on en compte 344 au total dont 284 sont des terrains destinés à la pratique à onze contre onze (dont 245 sont classés : 88 en Moselle, 80 en Alsace, 24 en Meurthe-et-Moselle, 16 dans la Marne, 15 dans les Vosges, 7 dans les Ardennes, 5 dans la Meuse, 4 dans l’Aube et 2 en Haute-Marne). Par ailleurs, la fédération participe au financement et au classement d’environ 300 terrains synthétiques par an.
Dans son numéro de novembre, le magazine So Foot fait allusion à une étude de l’université de Yale aux États-Unis qui ferait état de risques de cancer lié à la pratique sur gazon synthétique. En cause, les granulats issus de déchets de pneus qui servent de matériau de remplissage des terrains et qui contiendraient des substances nocives (métaux, plomb et présence de HAP pour hydrocarbure aromatiques polycycliques). So Foot fait aussi allusion à certaines municipalités qui auraient décidé de limiter l’aménagement de nouveaux terrains.
Il convient de préciser que ce débat a été lancé depuis plusieurs années dans de nombreux pays. La Fondation contre le Cancer, en Belgique, avait déjà évoqué le sujet en décembre 2016 pour estimer par la voix du Professeur Bernard que « ce risque était extrêmement faible et inférieur à celui de la pollution atmosphérique ». Dans un récent communiqué la FFF a d’ailleurs tenu à rappeler l’étude réalise par l’ECHA (European Chemical Agency), saisie par la commission européenne, et dont les conclusions, en février dernier estimait « qu’il n’existe pas de preuve scientifique d’une augmentation du risque de cancer » et indiquait « une présence négligeable de métaux, en dessous des limites permises dans la législation actuelle ».
Une autre étude, aux Pays-Bas en 2016, avait abouti aux mêmes conclusions et les terrains synthétiques y sont toujours utilisés. La commission médicale de la FFF a elle-même validé, en mai dernier, les conclusions des enquêtes diligentées par les différentes commissions. La FFF rappelle aussi l’obligation faite aux entreprises qui réalisent les terrains d’informer les propriétaires et utilisateurs sur la composition des terrains. Enfin, elle rappelle quelques recommandations simples : prendre une douche après toute pratique ou au moins se laver les mains et le visage et bien entendu la désinfection des éventuelles plaies.