Il y a 80 ans : Batteux, l’homme fort du Stade de Reims !
Publié le 14/05/2024
Épisode 3 de notre série consacrée au football dans le Grand Est il y a 80 ans, juste avant la Libération. Le Stade de Reims a brillé après guerre. Il le doit en grande partie à Albert Batteux (photo FFF) qui a permis la montée en puissance de l’équipe. Ce monument du sport français, habitué des terrains dans sa jeunesse, a laissé une trace indélébile dans l’histoire du ballon rond.
Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, Albert Batteux fait partie de l’Équipe fédérale Reims-Champagne qui réunit le Stade de Reims, Sedan-Torcy et Troyes. Malgré le fait qu’il soit dans l’incapacité de donner la pleine mesure de son talent à cause du conflit, il continue à impressionner les observateurs en tant que joueur puis en tant qu’entraîneur.
Une enfance sportive
Né le 2 juillet 1919 à Reims, le Rémois Albert Batteux, commence le football à l’âge de 17 ans grâce à ses frères, aux copains et à la rue. Après avoir pris sa première licence à l’Energie Club de Reims, il évolue au Stade. Le jeune joueur, surnommé « Bébert la science », est bon voire même très bon. Issu d’une famille de treize enfants, l’environnement dans lequel il baigne est pour beaucoup dans sa réussite sportive puisque tout le monde joue au ballon rond. Il aurait pu devenir cheminot comme son père mais son talent balle au pied lui accorde une destin exceptionnel.
En 1947 Albert Batteux est déjà connu et professionnel. Il y a même un Batteux Football Club qui est créé avec la maman qui tient la buvette et le papa qui surveille le vestiaire. L’équipe est composée de sept frères et quatre neveux.
A l’issue du conflit, le Stade de Reims continue en première division, s’installe au sommet de la compétition de manière durable et décroche son premier titre national en 1949. Le tout grâce, en grande partie, aux qualités exceptionnelles de celui qui inventera « le football champagne ». Il ne s’arrête pas là. Durant cette saison historique, Batteux connaît toutes ses sélections internationales. L’attaquant porte le maillot tricolore à huit reprises et le brassard de capitaine lors de ses quatre dernières sélections en bleu.
Après avoir été joueur, il devient entraîneur du Stade de Reims (sur proposition d’Henri Germain) dès 1950 et jusqu’en 1963. Ces années ouvrent la plus belle page de l’histoire du club qui devient « la terreur » du championnat de France.
Batteux repère Raymond Kopa puis l’attaquant polonais Léon Glovacki pose ses valises à Reims ce qui place Kopa au poste d’avant-centre. Le travail du coach porte ses fruits. Mais ce n’est pas terminé. Un grand joueur arrive en provenance de l’OGC Nice. Il s’agit de Just Fontaine. Un choix qui s’avère être payant. Et pour cause, la nouvelle recrue contribue largement au nouveau titre des champenois en 1957 en inscrivant pas moins de 34 buts en 34 matchs.
Albert Batteux, sélectionneur des tricolores, entouré de Raymond Kopa (à gauche) et de Just Fontaine (à droite) qu’il a également coaché à Reims. Crédit photo FFF
La carrière d’Albert Batteux est la preuve d’une ascension fulgurante pendant des décennies d’un sportif qui a grandi avec le ballon dans les pieds pour arriver au sommet du football français. Un théoricien du beau football.
Et pendant ce temps-là, en mai 1944 :
Sur le front de l’Est, les forces soviétiques parachèvent l’occupation de la Crimée. Environ 130 000 soldats allemands et roumains ont été évacués par mer et plus de 21 000 par les airs depuis la mi-avril. Un grand nombre de soldats évacués sont blessés. Près de 78 000 combattants de l’Axe ont été tués ou capturés.
Un groupe de tatars de Crimée attend le train pour partir en exil. Crédit photo : OpenEditions Journals
Le 14 mai, les attaques des forces de la 5ème armée américaine se poursuivent en Italie. Le corps expéditionnaire français (ensemble de quatre divisions militaires sous le commandement du général Juin) avance dans la vallée d’Ausente et progresse au-dessus des chaînes Aurunci en direction de la prochaine ligne défensive allemande. Le 2ème corps américain fait également des progrès contre les défenseurs de la 64ème division allemande.
En France, deux jours plus tard, le 16 mai, une « instruction concernant l’emploi de la Résistance sur le plan militaire au cours des opérations de libération de la métropole » est approuvée par le général de Gaulle. Elle définit une action « progressive et dosée » et vise à éviter la multiplication d’actions insurrectionnelles spontanées. Ce principe est approuvé par les Alliés lors d’une conférence de planification franco-anglo-américaine qui se tient le 20 mai suivant. Les plans élaborés par le Bloc Planning (section du Bureau de renseignement et d’action de Londres) doivent être réalisés progressivement, dans le temps et l’espace, en fonction de la progression des armées alliées ainsi que de l’évolution du théâtre des opérations. L’objectif est de planifier la participation de la Résistance française au succès de la stratégie alliée. Lucas POIROT