Football dans le Grand Est, il y a 80 ans…
Publié le 30/04/2024
A l’occasion du 80ème anniversaire de la Libération, la LGEF vous propose une série qui évoque la situation du football dans le Grand-Est au cours de l’année 1944. Plongez au cœur de cette période qui a impacté ce sport populaire. Épisode 1 : La situation sous l’occupation (Photo FFF).
Dans les années 1940, le football est fortement affaibli par la guerre. L’Est de la France est particulièrement touché par l’arrivée massive des Allemands. Les départements de la région n’ont toutefois pas tous le même statut. Contrairement aux autres, l’Alsace-Moselle est annexée et devient allemande. Lors de la saison 1943-1944, les clubs sont privés de tous leurs joueurs professionnels du fait de l’affectation de ces derniers dans des équipes fédérales (nous y reviendrons dans le prochain épisode). Seul le championnat de France 1943-1944 ira jusqu’à son terme avec Lens-Artois comme vainqueur.
En Moselle annexée, les clubs sont contraints de germaniser leur nom. L’AS Sarreguemines est rebaptisé TSG Saargemünd, la Sportive Thionvilloise devient le TSG Diedenhofen et le FC Metz est transformé en FuBball Verein Metz. Les équipes mosellanes sont rattachées à la Ligue du Gau Westmark qui comprenait le sud de la Rhénanie, le Palatinat et la Sarre. Les meilleurs d’entre eux disputaient la Coupe nationale d’Allemagne appelée « la Tschammerpokal ».
Les joueurs du FV Metz font leur entrée sur la pelouse pour affronter Iéna en huitièmes de finale de la Coupe d’Allemagne, le 24 août 1941. Photo DR
La Meurthe-et-Moselle, quant à elle, subit une occupation militaire d’une exceptionnelle densité. De 1940 à 1944, ce sont plus de 20 000 Allemands qui sont stationnés de manière permanente soit l’équivalent de deux divisions. La Feldkommandantur 591 et la Kreiskommandantur 533 (structure de commandement militaire) s’installent à Nancy.
Des disparités entre les équipes
Les clubs sportifs subissent les conséquences de ces évènements mais ne connaissent pas toutes le même sort. Certaines équipes et associations survivent à la guerre tandis que d’autres disparaissent. En cause : l’action de l’occupant ou le manque de moyens pour se relever. Différents clubs ont permis aux gens qui le pouvaient d’échapper le temps d’une rencontre sportive aux difficultés de la vie quotidienne. Malgré la dureté du conflit, les envahisseurs laissent une certaine liberté de distraction aux Nancéiens sachant que, sans celles-ci, la contestation pouvait survenir et entraîner de lourdes répercussions.
En Alsace, qui ne sera libérée qu’à la fin de l’année 1944, le ballon rond n’est plus sur le terrain. Par la force des choses, le foot fait une pause, les championnats et activités sont stoppées. Toutes les forces vives sont mobilisées pour sauver le Reich qui allait bientôt s’effondrer dans l’incendie de Berlin. Îlot de résistance, le FC Mulhouse remporte trois des quatre championnats de DH joués sous l’Alsace occupée (41,43 et 44) avant l’arrêt de la pratique du football à l’aube de la saison 44/45.
En Champagne-Ardenne, les footballeurs continuent à vivre presque normalement. En août 1939, le Stade de Reims sort victorieux de la plupart de ses matchs amicaux pour préparer la saison mais elle n’a finalement pas lieu. Le 2 septembre, l’Allemagne envahit la Pologne. Français et Britanniques déclarent la guerre aux allemands. C’est la mobilisation générale avec de nombreux footballeurs qui partent sous les drapeaux. Ce ne sont pas moins de trente joueurs qui se succèdent sous le maillot de Reims dans un premier championnat de guerre en zone Nord. En 1941, la FFF réorganise le championnat d’élite en deux groupes. Il s’agit d’une zone Nord et d’une zone Sud. Cette frontière ressemble à la ligne d’avancée de l’armée allemande.
Et pendant ce temps là
Fin avril 1944, dans la nuit du 27 au 28, 30 000 hommes et 300 navires répètent en vue de l’opération Overlord, offensive alliée lancée le 6 juin. Celle-ci, qui se déroule au sud de l’Angleterre, tourne au fiasco. Plusieurs centaines de soldats perdent la vie. Cette répétition permet néanmoins un Débarquement mieux préparé.
L’opération « Tigre » s’est déroulée dans la nuit du 27 au 28 avril dans le but de préparer le Débarquement du 6 juin. Photo US Army
Le 22 avril, plus de 80 000 soldats américains débarquent en Nouvelle Guinée. Deux invasions ont lieu : celle d’Hollandia et de son secteur ainsi que d’Aitape, située à 220 kilomètres à l’est environ. L’objectif est de contrôler les infrastructures de ces zones pour s’en servir pour de futures opérations des campagnes de Nouvelle-Guinée et des Philippines. Le même jour en Italie, les partis antifascistes entrent au gouvernement de Badoglio, homme politique qui a occupé le poste de premier ministre lors de la chute de Mussolini le 25 juillet 1943. Il signe (secrètement) le rapprochement du royaume d’Italie avec les Alliés lors de l’armistice de Cassibile. Début avril, de violents combats ont lieu au nord de Razdelnaya (Ukraine) alors qu’une petite poche d’Allemands et de Roumains est réduite par le 3ème front ukrainien. La 1ère armée allemande de Panzer est encerclée et perd de nombreux hommes, armes et équipements lourds.
Lucas POIROT