Victoria Beyer, une arbitre du Grand Est en finale !

Publié le 15/08/2020

Vous l’avez peut-être aperçue dans sa tenue orange et noire, lors de la finale de la 19e Coupe de France féminine. Victoria Beyer (2e en partant de la droite, photo FFF), 29 ans, l’une des huit bénéficiaires du plan de professionnalisation de l’arbitrage féminin lancé cette saison par la FFF, a arbitré, dimanche dernier, la rencontre opposant l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain. Portrait.

L’Alsacienne, qui est fédérale féminine depuis juin 2016, n’a pas commencé par le football. Au début, c’était le basket : à l’âge de 13 ans, alors qu’elle jouait, elle ne supporta plus ce qu’elle appelle « l’esprit d’équipe féminin ». « Je voulais jouer au foot », explique-t-elle. « Mais la réalité m’a vite rattrapée : il fallait rejoindre une équipe de filles… Inconcevable pour moi ! Je me suis donc lancée dans l’arbitrage… Le fruit du hasard ». Ce pari a payé : arbitre internationale depuis janvier 2018, elle officie désormais aussi bien en France qu’à l’étranger. Le match du dimanche 9 août est une consécration : « Être désignée pour une finale, c’est une chance. Pour ma part, c’est la récompense du travail assidu et de la résilience dont je fais preuve depuis plusieurs années. C’est une fierté pour moi, mais aussi pour mes proches qui me soutiennent au quotidien ». Sa famille était dans les tribunes, mais tout le monde n’a pas pu être présent à cause de la crise sanitaire.

Comme pour nous tous, le début du confinement a été difficile : « Les deux premiers week-ends sans match, c’est le sentiment de manque qui domine. Et finalement, très vite on réapprend à prendre le temps, à profiter de ses proches et de chez soi ». Le football ne l’a pas quittée : les préparateurs athlétiques ont adapté leurs programmes d’entraînement, la DTA (Direction Technique de l’Arbitrage) a fait travailler les arbitres sur des situations de match une fois par semaine, et l’UEFA a organisé des visio-conférences pour « garder le lien ». Depuis la reprise, elle jongle entre, d’un côté, sa carrière dans une banque, où elle est chargée des affaires professionnelles, et, de l’autre, les entraînements, le suivi kiné, le travail technique et les rencontres. Cet emploi du temps, déjà chargé, sera encore alourdi à la rentrée, avec les stages spécifiques du plan de professionnalisation au Centre National du Football de Clairefontaine.

Lorsqu’on lui parle de la situation de l’arbitrage féminin dans la région, Victoria Beyer est catégorique : « Nous ne sommes pas encore assez nombreuses. La CRA (Commission Régionale d’Arbitrage) organise une fois par an un stage féminin dans le Grand Est, l’occasion pour nous de nous rencontrer et d’échanger ». Au-delà des arbitres à proprement parler, elle fait appel à toutes les filles qui souhaiteraient se lancer : « L’arbitrage, c’est l’école de la vie. On se forge un caractère, on s’adapte à toutes sortes de situations, on manage des hommes, on apaise les tensions, on prend des décisions, on trouve des solutions. On apprend à être rigoureux, organisé, et on développe son esprit critique pour savoir se remettre en question. Ce qu’on met en œuvre sur le terrain, on s’en sert dans notre quotidien. Alors mesdemoiselles, franchissez la barrière ! Prenez le sifflet, c’est sûr, vous allez faire un carton. »

Guillaume Moinel

Par Stéphane Heili

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