Réserves pros : question de stratégie

Publié le 19/03/2019

Ce mercredi (16h) les réserves de Strasbourg et Nancy vont se retrouver dans le cadre d’un match en retard de N3. Évoluant pour la plupart dans ce championnat, la question de la politique des clubs professionnels par rapport à leur réserve se pose aujourd’hui, au moment de savoir quel niveau est le plus intéressant pour ces équipes. Explications…

Sur 5 réserves pros dans le Grand Est, une seule évolue en National2. Trois sont en N3 et la réserve du FC Metz fait tout pour retrouver ce niveau rapidement. Clairement, la situation des réserves pros a évolué ces dernières années et elle pose la question du projet de formation du club. Ainsi, Lorient vient de décider de stopper ses U19 nationaux pour créer une seconde réserve en Régional1. « Notre but c’est de préparer les jeunes joueurs à passer des paliers et se rapprocher chaque fois un peu plus du niveau Ligue 1 ». Ces quelques mots de l’entraineur de la réserve rémoise, Franck Chalençon, résument bien la politique générale de la plupart des clubs et de leur staff en ce qui concerne leur équipe réserve. Pourtant deux schémas de formation s’opposent aujourd’hui : « Il y a deux politiques qui peuvent être mise en place en fonction de si on évolue en N3 ou N2. La N3 permet de faire jouer des U19, même 1ere année, ce qui rajeunit l’effectif et leur permet de se faire, plus jeune, à la compétition chez les séniors. Le N2 c’est autre chose, il est presque impossible de jouer avec des U19, la marche est trop haute pour débuter. Il y a une bien meilleure adversité à ce niveau, il faudra donc jouer avec des joueurs plus âgés et qui ont déjà un peu l’expérience de ce genre de rencontres », résume très clairement l’entraineur des jeunes Strasbourgeois, François Keller. « Aujourd’hui le niveau N3 nous convient bien, si un jour l’occasion de monter se présente à nouveau on ne se privera pas, mais ce n’est pas un objectif, pour nous c’est d’abord le maintien». Malgré la différence de politique et de niveau, l’objectif de base reste le même, quelle que soit la formation : « L’objectif qu’on se fixe en début de saison c’est le maintien, ensuite notre autre objectif est bien plus sur la progression des joueurs et de l’équipe que sur les résultats. Aujourd’hui le garçon le plus vieux de notre équipe est né en 96, ça résume bien nos ambitions», déclare l’entraineur rémois.

Deux politiques pour un même son de cloche. Mais je vous rassure, il y a belle et bien une différence, elle se fait simplement à un autre niveau, au niveau sportif : « Le côté positif d’une ascension en N2 pour une réserve c’est que cela veut dire qu’on a un groupe et des joueurs qui ont le niveau et donc qu’on gardera plus longtemps. Ça permet aussi à des joueurs, comme Caci ou Weissbeck à l’époque, d’évoluer dans un championnat plus relevé et de repérer plus rapidement leur vrai niveau. C’est plus intéressant pour un jeune pro car il joue dans un championnat plus proche de ce qu’il vit à l’entrainement. » explique le frère du président du RCSA, avant que Chalençon ne complète : « Ce n’est pas du tout le même niveau entre N2 et N3, en N2 les clubs fonctionnent presque comme des clubs pros, ils s‘entrainent tous les matins, ils ont des staffs qui sont organisé comme ceux des clubs pro… ». Pour le coach champardennais, convaincu par la politique du club à l’égard de sa formation, soutient que la N2 instaure une certaine “sélection“ ce qui est une bonne chose : « C’est clair que c’est bien plus difficile mais c’est un très bon moyen d’évaluation et pour se projeter vers l’avenir des joueurs. Quand on les intègre dans le groupe on sait qu’ils seront en difficulté, on ne juge pas au bout de 3 semaines mais on voit rapidement ce qu’il en est, s’ils arrivent à prendre la mesure des choses et à s’adapter. Un garçon qui mettait 18-20 buts en U19 va devoir peut-être attendre décembre avant de marquer son premier but ici, mais s’il arrive à exister en N2 en sortant de U19 il est dans les clous pour incorporer la L1, peut-être pas immédiatement, mais il en aura les moyens ».

Pour conclure, le coach strasbourgeois, a décidé de rappeler au bon souvenir de certains, une période pour les réserves pro que lui regrette aujourd’hui : « Je regrette l’époque de la CFA, que j’ai bien connu, où on avait des groupes à 18 ou à 16. Aujourd’hui on est 14 dans notre groupe, on ne dispute plus que 26 matchs et il y a 3 clubs voir plus qui tombent. Tout cela donne beaucoup plus d’enjeu à chaque rencontre, tous les points comptent et les joueurs et entraineurs ne prennent plus trop de risque ce qui se fait au détriment du jeu et empêche parfois les joueurs de s’épanouir totalement ».

Gaëtan Pilot

Par Stéphane Heili

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