R1A : bienvenue au foot des champs !

Publié le 21/02/2019

US Vaux-sur-Blaise, AM.S Asfeld. Derrière le nom de ces deux clubs, qui se retrouvent dimanche en championnat (15h), se cache une réalité méconnue pour certains. Une réalité faite de difficultés, de bricolage mais aussi de fierté. Une réalité du football amateur de la Champagne/Ardenne rurale d’aujourd’hui. Témoignages…

« Bientôt il n’y aura plus que des clubs dans des grandes villes ». Le constat du président de Vaux-sur-Blaise, Alain Simon, peut prêter à sourire. Pourtant, les images de son équipe, jouant sur un terrain en terre mi-janvier lors d’un match de préparation (photo Adrien Jeanson), avaient fait sensation sur les réseaux sociaux, certains ne comprenant pas comment une équipe de R1 pouvait encore jouer dans de telles conditions. C’est pourtant ignorer la réalité du football amateur en Champagne/Ardenne, comme nous l’explique le président : « ceux qui commentent sont des personnes qui vivent en ville. Nous sommes une commune de 370 habitants (située en Haute-Marne, dans le sud de Saint-Dizier), nous n’avons pas beaucoup de moyens. Il n’y avait pas d’autres solutions que de jouer sur ce terrain là ». Les infrastructures sont une réelle problématique dans la région : « il n’y a aucun terrain synthétique dans le coin à part à Saint-Dizier et à Chaumont, mais ils sont souvent pris. Pour vous l’avouer, on s’est même fabriqué un petit terrain synthétique nous-mêmes, en récupérant des rouleaux d’un ancien terrain… On a très peu de moyens, donc on bricole à notre façon ». Pour subsister, le club est obligé d’organiser des manifestations extra-sportives : « des lotos, des repas dansants, alors que la plupart des clubs de R1 n’ont pas besoin de le faire. Heureusement, les artisans et les gens du village nous aident ».

Car la fierté du président aujourd’hui, c’est d’avoir au sein de son club un esprit familial qui s’incarne quotidiennement : « il y a environ 200 personnes à chacun de nos matchs à domicile, l’engouement est très fort. Pour 370 habitants, nous avons 200 licenciés, une équipe dans chaque catégorie jeune, 3 équipes chez les seniors, plus de 40 dirigeants. 7 ou 8 joueurs de l’équipe jouaient ensemble en U16, les joueurs sont attachés au club. Tout le monde s’implique du mieux possible ». Même si la situation sportive est compliquée (avant dernier du classement avec qu’une seule victoire au compteur), Alain Simon garde le sourire : « on le vit bien. Il y a toujours la même ambiance et on y croit toujours ! ».

Du côté d’Asfeld (village de 1100 habitants situé dans les Ardennes, au nord de Reims), on retrouve les mêmes valeurs familiales… et les mêmes problèmes : « nous avons aussi un souci d’infrastructure. Notre terrain n’est pas homologué et si nous voulons rester en R1 il va falloir trouver une solution. Nous avons lancé une étude de projet suite à notre accession en R1 l’année dernière (première année en R1 cette saison, après 3 montées consécutives) avec la commune d’Asfeld, mais c’est un processus qui prend énormément de temps », confie le président, Gérald Dufraine, qui est dans le doute : « je ne peux pas dire si l’année prochaine on sera en R1, car même si sportivement on est maintenu, je ne sais pas si administrativement cela va être bon ». Ce problème d’infrastructure est selon lui lié à la ruralité : « sur un nouveau projet on serait subventionné à hauteur de 40% maximum par la commune. Sachant que celui-ci devrait s’étaler entre 500 000 et 1 million d’euros, c’est très compliqué pour notre commune de pouvoir le financer ». En plein mouvement des gilets jaunes, la fracture entre les territoires dénoncée par ceux-ci est aussi visible dans le football amateur : « en Coupe Grand Est, nous sommes allés jouer en Lorraine face à un club de R3, Centre Ornain, qui a des infrastructures totalement différentes des nôtres. Et je ne parle même pas de l’Alsace, c’est le jour et la nuit ».

Jimmy Gedik

Par Stéphane Heili

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